RDC/ Kongo Central : 5 040 tonnes de chaux produites artisanalement à Luozi chaque année

Par JUSTIN DIASILUA KIONGA

Des chiffres impressionnants et vérifiés auprès des fabricants artisanaux de la chaux blanche de qualité supérieure, selon leurs propres termes. 8 4OO sacs soit 420 tonnes de la chaux produites le mois et, en moyenne 5 040 tonnes l’an. Une production qui contribue sans nul doute au produit intérieur brut (PIB) de la République Démocratique du Congo (RDC).

La chaux est l’une des opportunités qui dans la mesure du possible peut contribuer à l’expansion économico-sociale de la population de la cité de Luozi en particulier et du territoire en général.
Pour la petite histoire, la fabrication de la chaux ne date pas d’aujourd’hui. Le premier four en bois a été monté par les colonisateurs belges vers les années 50 avant l’indépendance de la RDC. La production de la chaux était à cette époque semi-industrielle.

C’est en 1978 que sera construit le tout premier artisanal par un Monsieur Mikangamani Joseph, originaire du territoire de Luozi. L’activité entreprise d’une façon artisanale ne produisait guère ses fruits. La quantité produite n’était pas du tout commercialisée faute d’ouverture des marchés tant locaux, nationaux qu’internationaux et le manque d’informations de la part du producteur, malgré la qualité du produit mis sur le marché.

Affaibli par les travaux lourds liés à la fabrication de la chaux, l’initiateur de cette unité de production économique tombe malade et abandonne sa production en 1997 à l’avènement de l’AFDL de Mzée Laurent Désiré Kabila.

Un sac de 50Kg de la chaux Made in Luozi

De 2002 à 2006, soit 5 ans après, Monsieur MIKANGAMANI Kipple, fils du premier fabricant noir, héritait l’activité avec d’autres personnes. Pour une production maximale, il a fallu s’organiser en groupe dans le but d’accroitre la production. Le 20 avril 2012 sera mise sur pied l’association des fabricants de la chaux de Luozi, AFCL, avec en son sein une centaine de membres.

L’AFCL s’est assignée comme objectif de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des communautés paysannes, réduire sensiblement le chômage et promouvoir la technologie appropriée en milieu rural. Bien qu’artisanale, la fabrication de la chaux en association porte ses fruits, tant soit peu.

Sur les cent membres associés de l’AFCL, 14 seulement disposent des fours de fabrication de la chaux. Chaque fabricant artisanal produit deux fois le mois, en raison de 300 sacs de 50kg par production. A lui seul, il fabrique au moins 600 sacs de 50kg soit 30 tonnes le mois. Et, pour le quatorze fabricants, on dénombre au total 8 400 sacs, soit une moyenne de 420 tonnes le mois.
Cette chaux blanche de haute qualité s’écoule sans problème sur les marchés tant locaux, nationaux et qu’internationaux. Sur place à Luozi, le sac se négocie à 8 000 Francs Congolais (FC), 25 000 FC à Matadi, chef-lieu de la province du Kongo Central, 15 000 FC à Kimpese, 28 000 FC à Boma et 30 000 FC à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo (RDC). « Nous sommes capables de produire 5 040 tonnes de chaux l’an si l’état Congolais envisage l’électrification de la cité de Luozi dans l’optique de l’industrialisation de sa production », indique un fabricant artisanal de Luozi.

Au regard des chiffres importants que cette activité génère, il y a lieu de conclure que l’exploitation de la chaux blanche de Luozi, outre son utilisation dans d’autres domaines, notamment l’agriculture, l’élevage et la construction des infrastructures, contribue à la croissance économique, à condition que les ressources financières soient gérées rationnellement.

Il est important de noter que dans la fabrication de la chaux, certains faits collatéraux sont enregistrés, entre autres le déboisement, la pollution de l’environnement ou encore la détérioration de la santé des fabricants, à cause des travaux lourds de casse des pierres à la main, d’abattage des arbres et de transport des bois de chauffe et la chaleur du four.

Il y a donc nécessité que le gouvernement congolais industrialise la production de la chaux en vue d’accroitre le rendement et de contribuer de ce fait à la réduction du chômage, dans le but d’augmenter le pouvoir d’achat de la population qui croupit dans la misère la plus totale.

Penser à l’industrialisation de la production de la chaux est tributaire à l’électrification de la cité de Luozi. Si les cimenteries modernes implantées au Kongo Central produisent en moyenne 3 500 sacs de ciment par jour, et, le sac se vend au même prix que celui de la chaux, au prix d’usine, il y a lieu de rappeler aux bailleurs de fonds que la production de la chaux vaut son pesant d’or.

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